L’action humanitaire de MSF en 2021

Un membre du personnel de MSF vaccine un enfant lors d’une clinique mobile, au centre de santé de Sebeya. Cette ville est située près de la frontière avec l’Érythrée, dans la région du Tigré, dans le nord de l’Éthiopie. Éthiopie, 2021. © Igor Barbero/MSF
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L’année dernière, Médecins Sans Frontières (MSF) a répondu à certaines des crises humanitaires parmi les plus complexes au monde, toutes exacerbées par la pandémie mondiale. Nous avons par ailleurs continué à faire résonner la voix des communautés avec lesquelles nous collaborons, attirant l’attention sur les injustices, les mauvais traitements et la négligence implicites qui touchent nos patients et nos patientes. Nous vous remercions de nous permettre de réaliser ce travail.

Alors que la pandémie de COVID-19 entrait dans sa deuxième année, ses effets ont continué de se faire sentir plus intensément là où les systèmes de santé étaient déjà fragilisés. Nous avons renforcé nos activités pour lutter contre des éclosions particulièrement graves dans certains des pays les plus durement frappés tels que le Yémen, le Pérou et l’Inde.

Nous avons été témoins de l’inégalité flagrante en matière d’accès à des vaccins d’importance cruciale : les pays à revenu élevé achetant des milliards de doses de vaccins contre la COVID-19 pour ne laisser qu’une infime partie aux pays à faible revenu. Les équipes de MSF ont entamé des campagnes de vaccination au Liban, en Eswatini et en Tunisie. Elle n’a cependant pas cessé de réclamer l’égalité d’accès aux vaccins, avec la levée des brevets et des monopoles sur les outils médicaux contre la COVID-19.

Les phénomènes météorologiques extrêmes enregistrés à travers le monde sont devenus encore plus destructeurs en 2021. Les équipes de MSF ont prodigué des soins d’urgence à des communautés confrontées à de graves inondations saisonnières au Soudan du Sud et ont pris en charge un nombre record de cas de paludisme à la suite de fortes précipitations au Niger. Elles ont aussi ont apporté de l’aide aux per- sonnes touchées par des tempêtes tropicales, des ouragans et des typhons, et ce, d’Haïti aux Philippines. Nous avons également mobilisé nos équipes pour faire face aux conséquences sanitaires provoquées par l’absence de pluie, la sécheresse et la déforestation en Somalie et à Madagascar, lesquelles ont contribué à une importante malnutrition.

La crise mondiale de la migration s’est aussi aggravée l’année dernière. On dénombre près de 80 millions de personnes déplacées dans le monde, soit plus qu’à aucun moment de l’histoire contemporaine. C’est sans compter les millions d’autres personnes déplacées qui n’ont pas été recensées et qui demeurent sans protection.

Des politiques gouvernementales néfastes ayant pour effet de dissuader, de contenir et de repousser des personnes en quête de sécurité continuent d’accroître la souffrance humaine. En Libye, des actes de violence extrême perpétrés contre des personnes migrantes ou réfugiées retenues dans les centres de détention notoires du pays ont forcé MSF à suspendre ses opérations à Tripoli entre juin et septembre. Devant ces conditions terribles, plusieurs individus n’ont eu d’autre choix que de tenter la périlleuse traversée de la mer Méditerranée. En 2021, MSF a maintenu ses activités de recherche et de sauvetage à bord de son navire affrété, le Geo Barents, alors que les gouvernements de la région ont persisté à faillir à leurs responsabilités maritimes, laissant des êtres humains mourir en mer.

MSF a par ailleurs constaté une forte augmentation du nombre de personnes franchissant la région du Darién. Ce tronçon de jungle dangereux et sans route demeure le seul passage terrestre en direction du nord entre la Colombie et le Panama. Nos équipes ont soigné des gens sortant de la jungle du côté du Panama, dont un grand nombre ont été victimes de violences et d’extorsion aux mains de bandes criminelles.

D’incessants conflits dans toute la région du Tigré, en Éthiopie, ont causé des dégâts considérables. Des centaines de milliers de personnes ont été déplacées au sein du pays et au Soudan voisin, sans accès à de l’eau potable, à de la nourriture ou à des soins médicaux.

Les équipes de MSF n’ont pas non plus été épargnées par la violence. En juin, trois de nos collègues – Tedros Gebremariam Gebremichael, María Hernández et Yohannes Halefom Reda – ont été brutalement assassinés alors qu’ils travaillaient au Tigré. Nous pleurons leur perte et nous nous employons toujours à faire la lumière sur les circonstances de leur décès.

Entre actes de violence, restrictions d’accès et problèmes administratifs, le Tigré s’est avéré un milieu hostile au travail des organisations humanitaires. À partir du mois d’août, une seule section de MSF était en mesure d’y exercer ses activités, et dès la fin de novembre, cette dernière a dû arrêter. Nous avons néanmoins poursuivi notre intervention dans une autre région d’Éthiopie et auprès de personnes réfugiées qui avaient traversé la frontière pour gagner le Soudan pendant cette période.

La violence s’est également propagée à travers le Sahel, provoquant des vagues de déplacement dans tout le Burkina Faso, le Mali, le Niger et le Nigéria. À la suite d’un déferlement de conflits au Nigéria, des milliers de familles ont trouvé refuge au Niger voisin où nos équipes ont traité un nombre sans précédent d’enfants atteints de malnutrition aiguë. Nous avons par ailleurs répondu à des épidémies de paludisme, de rougeole et de méningite dans l’ensemble de la région, des maladies particulièrement meurtrières chez des enfants malnutris.

La capacité de MSF à prodiguer des soins médicaux d’urgence aux communautés confrontées à des crises humanitaires n’est possible que grâce à l’incroyable générosité de donateurs et de donatrices comme vous. En 2021, plus de sept millions de personnes et de fondations privées ont recueilli 2,78 milliards de dollars pour financer le travail de MSF, soit plus de 97 % de notre financement total.

Merci de votre soutien essentiel dans le cadre de notre action humanitaire. En décembre, alors que nous marquions les 50 ans de la création de MSF, nous avons posé un regard sur les changements que notre organisation a connus et sur les vies que nous avons touchées pendant cette période. Avec votre aide, MSF reste déterminée à manifester sa solidarité envers les personnes confrontées à des crises, partout où le besoin s’en fait sentir.

Ruby Gill, présidente, et Joseph Belliveau, directeur général.