Soins infirmiers au Nigéria : « l’éveil d’une passion »

À Abakaliki, dans l’État d’Ebonyi, l’éducatrice en promotion de la santé April Ozibo Chinezon (à gauche) et son collègue Joseph Ibeabuchi sensibilisent les gens à la fièvre de Lassa. L’objectif de cette opération est d’enrayer la propagation de la maladie et de réduire la stigmatisation. Nigéria, 2021. © MSF/Hussein Amri
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UNE ÉPIDÉMIE DE FIÈVRE DE LASSA A SUSCITÉ UNE PASSION POUR LA PROTECTION DES MALADES ET DES COLLÈGUES

Shirley Samson Infirmière Nigeria

Je me suis jointe à Médecins sans Frontières (MSF) pour la première fois dans le cadre d’un contrat de courte durée. L’équipe avait besoin de soutien pour soigner des patients et des patientes pendant la haute saison de la fièvre de Lassa, une maladie hémorragique virale.

L’année précédente, en 2018, une importante épidémie de fièvre de Lassa s’était déclarée au Nigéria. Beaucoup de membres du personnel de la santé n’avaient pas accès à de l’équipement de protection individuelle (EPI) adéquat et risquaient leur vie en soignant des malades. Plusieurs sont même décédés dans le cadre de leur travail.

Lorsqu’on m’a offert un emploi temporaire, j’étais sceptique. Dès le premier jour, cependant, j’ai bien vu que je disposais de tout ce dont j’avais besoin pour assurer ma sécurité : blouses stériles, bottes, sarraus de bloc opératoire, combinaisons, masques, appareils de protection respiratoire et lunettes étanches. Je me suis alors dit : « Puisque je serai bien protégée, rien ne va m’empêcher de soigner ces personnes qui sont malades. »

PASSION

Je n’avais jamais travaillé auparavant dans un endroit où les soins de santé étaient gratuits. D’habitude, les malades et leur famille doivent payer pour ceci, doivent acheter cela. Ces personnes ne sont pas traitées si elles n’apportent pas d’argent. Vous avez donc deux options comme infirmière ou infirmier : mettre personnellement la main à la poche pour les soigner ou les regarder souffrir.

Mais dans le cadre du projet MSF auquel j’ai participé pendant quatre mois, j’ai pu faire ce que j’avais à faire pour les malades, car je disposais d’un EPI et j’avais accès à des médicaments. Si je constatais que mon patient ou ma patiente avait la mine basse, je pouvais aussi les référer à mes collègues en santé mentale pour leur offrir du soutien. Mes malades avaient tout ce qu’il leur fallait et moi, j’étais vraiment contente !

La fin du pic saisonnier de l’épidémie a cependantsonnéle terme de nos contrats de courte durée. J’ai alors décidé que le seul endroit où je voulais travailler, comme infirmière, c’était là où les gens n’ont pas à souffrir par manque d’argent. La passion venait de me gagner.

UN NOUVEAU DÉFI

J’ai commencé à chercher du travail auprès de MSF. J’étais tellement déterminée à faire partie de l’équipe que je postulais à toutes les offres d’emploi, même comme nettoyeuse. Finalement, j’ai obtenu un poste d’infirmière dans un hôpital de MSF destiné aux personnes déplacées par les conflits dans le nord du Nigéria. Un nouveau défi pour moi ! Avec mon expérience de la fièvre de Lassa, j’avais pris conscience de l’importance du contrôle des infections. J’avais constaté à quel point des vies pouvaient être sauvées et je souhaitais en apprendre davantage.

J’ai commencé à suivre des cours en ligne. En février 2020, j’ai posé ma candidature au poste de superviseure en prévention et contrôle des infections dans le cadre du projet sur la fièvre de Lassa où avait commencé mon aventure avec MSF.

J’ai obtenu le poste.

L’IMPORTANCE DE LA PRÉVENTION

Dans le cadre de notre projet, les équipes de promotion de la santé diffusent de l’information au sein de la communauté sur les façons d’éviter de contracter la fièvre de Lassa. En parallèle, je m’assure que le virus ne se propage pas dans l’hôpital.

Avec le manque des recherches sur la fièvre de Lassa, il est encore difficile de poser un diagnostic et les traitements dont nous disposons sont adaptés d’autres virus. C’est pourquoi, pour moi, la prévention est si importante.

Je prends des dispositions pour éviter que mes collègues ne soient exposés accidentellement. Si l’une ou l’un d’eux est infecté, je veille alors à son suivi et à l’administration, au besoin, d’une prophylaxie post-exposition. Ici, depuis l’intervention de MSF durant la crise de 2019, aucune ni aucun membre du personnel soignant n’a été emporté par la fièvre de Lassa.

Nous nous assurons que tous les gens qui travaillent au centre reçoivent une formation, puis un perfectionnement, puis une nouvelle formation. Je m’assure en permanence que le nettoyage et les décontaminations sont conformes aux normes et que des EPI sont disponibles.

J’adore mon travail. Je m’occupe du laboratoire, de la lessive, du service central de stérilisation. J’interviens partout. Je collabore avec l’équipe médicale, l’équipe de promotion de la santé, l’équipe de santé environnementale et l’équipe de construction.

C’est une chose de traiter une infection, mais c’en est une autre de la prévenir. Si on peut la prévenir, c’est ce que nous tentons de faire.

Shirley Samson, infirmière de MSF, travaille en tant que superviseure en prévention et contrôle
des infections. Nigéria, 2021. © MSF