Notre impact collectif en 2024

Salah Aldeen, infirmier de MSF, soigne un enfant présentant des symptômes de rougeole lors d’une épidémie à Rokero, dans le centre du Darfour. Soudan, 2024. © Thibault Fendler
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Message de la présidente et de la directrice générale

En 2024, les équipes de Médecins Sans Frontières (MSF) ont travaillé dans plus de 75 pays à travers le monde pour offrir des soins médicaux d’urgence à des gens confrontés à des situations de crise ou exclus des soins de santé. Face aux immenses défis, nous avons travaillé en solidarité pour défendre les principes d’humanité. Merci à tous ceux et celles qui nous ont soutenus, et qui ont rendu ce travail possible.

Nous avons été témoins, au cours de l’année, des impacts dévastateurs de la guerre sur les communautés. C’est le cas notamment à Gaza et au Soudan, où les gens ont été confrontés à des bombardements, à des attaques contre des structures civiles et de santé, à la malnutrition, aux déplacements et au manque de soins.

En réponse à la campagne et aux frappes intensives menées par Israël à Gaza, nos équipes ont fourni des soins d’urgence à des milliers de personnes blessées et traumatisées par la guerre, comme à de nombreuses femmes enceintes et à leurs enfants. Les efforts visant à intensifier nos activités ont toutefois été entravés par l’obstruction de l’assistance humanitaire et le siège imposé par les forces israéliennes qui ont bloqué l’approvisionnement en fournitures médicales essentielles. L’insécurité a par ailleurs contraint nos équipes à s’adapter à une situation en constante évolution. Au moment où nous rédigeons ces lignes, 12 collègues de MSF ont été tués depuis le début de la guerre. Nous sommes indignés par ces meurtres que nous condamnons avec la plus grande fermeté.

Loin des grands titres qui ont fait la une, une crise humanitaire catastrophique sévit au Soudan, alors que le conflit qui secoue le pays est entré en 2024 dans sa deuxième année. Les Forces armées soudanaises et les Forces de soutien rapide ont continué de s’affronter sur de larges parties du territoire. Les contraintes bureaucratiques et sécuritaires imposées par les belligérants ont limité notre capacité de réponse, tandis que le manque d’assistance internationale a privé de nombreuses personnes de soins essentiels.

Au Soudan, au Tchad et au Soudan du Sud, où beaucoup de communautés soudanaises ont fui, nos équipes ont soigné des personnes qui souffraient de graves traumatismes causés par des explosions et des violences sexuelles.

Elles ont aussi répondu à des cas de choléra, de paludisme et d’hépatite E. Au Myanmar, le conflit en cours dans l’État d’Arakan provoque des souffrances et des déplacements massifs, sans pour autant attirer l’attention de la communauté internationale. Malgré les restrictions sévères sur nos activités et les attaques répétées contre nos infrastructures, nos équipes ont essayé autant que possible de fournir des soins en ayant entre autres recours à la téléconsultation.

Dans de nombreux endroits où nous travaillons, nos équipes rapportent des niveaux élevés de violence sexuelle, notamment dans les contextes de conflit où elle est trop souvent utilisée comme arme de guerre. En République démocratique du Congo (RDC), les chiffres sont éloquents. En 2023, nos équipes y ont traité plus de 25 000 personnes dans cinq provinces. Cela représente deux personnes par heure. Cette tendance s’est malheureusement lourdement accentuée en 2024, alors qu’entre janvier et mai, nous avons offert des soins à près de 17 500 personnes, dans les seuls sites de déplacement autour de Goma, au Nord-Kivu.

Au cours de l’année, nous avons continué de soutenir les personnes en déplacement, tout au long de leur périple, aux points d’arrivée et dans les camps de personnes déplacées. Nos équipes ont offert des soins à des personnes ayant survécu à des violences physiques, mentales et sexuelles le long des routes migratoires au Panama, au Costa Rica, au Honduras, au Guatemala, au Mexique et aux États-Unis. Elles sont aussi intervenues dans d’autres pays touchés par la violence ou les conflits, comme la RDC, le Soudan, le Mali ou le Mozambique.

En 2024, nous avons enregistré une forte hausse du nombre d’incidents de sécurité touchant le personnel, les installations et les infrastructures de MSF. Certains de ces événements, qui témoignent de la volatilité des conditions de sécurité, ont conduit MSF à suspendre des activités médicales, notamment à Haïti, au Soudan et en RDC.

La décision d’interrompre nos services, même temporairement, n’est jamais prise à la légère, puisque nous savons que des gens perdent alors l’accès à des soins dont ils ont désespérément besoin.

Parallèlement, les coupures dans le financement de l’aide humanitaire ont eu en 2024 un impact sur l’accessibilité des soins. Grâce à son modèle de financement indépendant, MSF n’est pas directement touchée par ces coupures. Celles-ci nous préoccupent néanmoins, car aucune organisation ne peut à elle seule combler les immenses besoins auxquels font face les communautés auprès de qui nous travaillons.

Alors que nous traversons une période critique en matière de solidarité et de réponse humanitaire internationale, nous réitérons notre engagement à offrir des soins d’urgence et nous tenons à vous exprimer notre profonde gratitude. C’est grâce à votre indéfectible soutien et au dévouement des membres de nos équipes que nous pouvons continuer de prêter assistance aux gens qui en ont le plus besoin.

Merci de partager notre conviction que toutes les personnes ont droit à des soins de santé, dans le respect de leur dignité.

Ruby Gill | Présidente sortante , Sana Bég | Directrice générale