Témoignage d’une membre du personnel de MSF
Noura Arafat est médiatrice interculturelle pour Médecins Sans Frontières (MSF). Elle a toujours vécu à Naplouse, où elle aide les femmes de sa communauté à obtenir le soutien dont elles ont besoin en matière de santé mentale.
La guerre a Gaza a eu un impact dévastateur sur les communautés de Cisjordanie, notamment à Naplouse. Les restrictions accrues à la liberté de circulation et la recrudescence des violences commises par les colons et les forces israéliennes ont contraint des dizaines de milliers de Palestiniens et de Palestiniennes à se déplacer. Elles ont également affecté l’accès aux services de base, notamment aux soins médicaux et de santé mentale.
Les équipes de MSF regroupent des psychologues recrutés localement et à l’international. Ensemble, ces gens offrent un soutien en santé mentale aux personnes qui en ont besoin dans la région.
« Chaque aspect de notre vie est vraiment affectépar l’occupation. »
« [Les gens] pensent que ce n’est qu’un conflit. Pour moi, ce n’est pas le cas », explique Noura.
« Quand vous voyez des personnes souffrir psychologiquement de différents troubles, comme des troubles obsessionnels compulsifs, par exemple, vous pensez que c’est simple. Mais quand vous creusez davantage dans l’histoire de la personne, vous découvrez que c’est parce que son père a été emprisonné à vie ou parce qu’elle n’a jamais vu son père, par exemple. Chaque aspect de notre vie est vraiment affecté par l’occupation, avec des éléments que vous ne pouvez même pas imaginer. »
Noura facilite les séances avec des psychologues de MSF en assurant les rôles d’interprète et de médiatrice. Elle informe également les psychologues sur la culture, l’histoire, le contexte et les aspects uniquesde la communauté palestinienne.
« Mon rôle est important, car sans interprétation, il n’y a pas de séance pour le psychologue ni pour le patient ou la patiente. Et lorsque le psychologue en sait plus sur l’histoire, la culture et le contexte, il comprend mieux et peut davantage sympathiser. »
En dehors de MSF, les services de santé mentale sont très limités à Naplouse.
« En Palestine, en général, et à Naplouse en particulier, les femmes sont confrontées à toutes sortes de difficultés », explique Noura. « Presque tous les jours, nous perdons au moins un des nôtres. Tous les jours, nous travaillons avec des mères qui pleurent la perte de leurs fils, de leurs filles, de leurs maris, de leurs enfants, ce qui est vraiment triste. Parfois, c’est un chagrin qui dure toute une vie etpour lequel il n’y a pas de solution. »
« Ces femmes connaissent leurs forces. Elles savent comment continuer à vivre. Elles savent comment faire face aux difficultés parce que, vous savez, ces difficultés et ces traumatismes sont permanents. Nous essayons néanmoins de leur donner les moyens et les compétences nécessaires pour être plus résilientes, pour faire face et pour trouver de l’espoir dans la vie, ce qui me tient vraiment à cœur. »
L’interview de Noura a été abrégé pour plus de concision.